mardi 17 juin 2008

Du côté des toilettes

J’ai pris le bus Québec-Montréal, qui était pratiquement plein dès la Gare du Palais. J’ai fini sur la banquette du fond entre une brave dame et la porte des toilettes. Au bout d’un moment, elle a sorti un livre d’un auteur que je pense n’avoir jamais rencontré, Jean-François Vézina, L’Aventure amoureuse. J’ai rapidement compris que mes perspectives de voyage allaient rapidement être confinées entre le bruit des toilettes à ma droite et les relents de latrines littéraires à ma gauche.

Inutile de dire que les poubelles de l’histoire vont très bientôt accueillir cette mise à jour grotesque de la Carte du Tendre. Je n’ai pas le temps de faire une critique en règle de ce texte non-pensé et pas écrit. Je veux m’indigner d’abord de la complicité d’une maison d’édition (les Editions de l’Homme, 2008) qui pour faire du fric participe à l’avilissement des lectrices. Ensuite de la veulerie de l’auteur qui, pour acquérir une notoriété facile, joue avec les sentiments des lectrices à coup de torchons. J’ai un peu fureté, sur son site, qui nous offre en pâture l’introduction de son livre, fautes d’orthographe comprises. Une allégorie pesante de l’amour et un moralisme bien conservateur, qui est une insulte aux souffrances que produisent les déchirures amoureuses auxquelles la vie nous confronte. Grâce à JFV, et à sa carte magique, vous parviendrez, en traversant les régions de l’aire de Respect, des plaines de Confiance et du mont des Buts-communs, au séjour de l’Amour Durable. (Bruit de toilettes).

Il a aussi un blogue. J’en extrais une phrase de son dernier billet, symptomatique de la façon dont le cartographe « pense » : « J'ai proposé l'hypothèse que la téléréalité a pour motif inconscient d'extraire et d'exploiter une nouvelle forme de richesse aussi importante que le pétrole: Les émotions humaines et ce à l'insu de celui qui est filmé et qui veut être accepté et reconnu. ». Puissante hypothèse ! Révélation ! La téléréalité exploite les émotions humaines.

J’ai moi aussi quelques hypothèses puissantes à vous soumettre :

- la vitesse est parfois rapide

- la société est basée sur les liens entre les gens

- les émotions sont des mouvements intérieurs de l’âme

- les hasards sont des événements basés sur des coïncidences

- la lumière est le produit de sources lumineuses

- le danger est quelque chose de très périlleux

- il faut bien que ce qui doit arriver se produise un jour

Allez, avant de tirer la châsse, je vous donne déjà en primeur l’argument que JFV utilise avec les frustrées comme moi : « Penser contre a toujours été la façon la moins difficile de penser.» Ce qui est d’une débilité profonde, nommez moi un penseur qui n’ait pas commencé par penser contre ?

5 commentaires:

Num a dit…

Je suis d'accord avec le: "...nommez moi un penseur qui n’a pas commencer par penser contre ?"

Par contre (haha), penser contre que pour penser contre, toujours, est, je crois, la chose la plus chiante au monde.

Pleiada a dit…

Non, le plus chiant c'est l'absence de pensée. La récupération crue de la pensée commune.

Num a dit…

Je dois te le concéder !

Jfv a dit…

On parle aussi de vous...

http://jfvblog.blogspot.com/2008/06/le-courage-de-lanonymat.html

Pleiada a dit…

Tiens, une réponse, je ne m'attendais pas à cela; je vais aller lire.