vendredi 19 décembre 2008

Petitesse, encore

Petit, le traqueur

Petit, le dénonciateur

jeudi 11 décembre 2008

Mépris

Face à la médiocrité médiatique, et télévisuelle en particulier, face au type qui nous sourit à la télévision pour nous engluer à son néant sucré, je sens qu'il est de mon droit, et de mon devoir de montrer du mépris.

J'en fait désormais un de mes buts. A chaque occasion où je croiserai un de ces petits soldats de la régression, je lui dirai brutalement mon mépris.

Après tout, ces gens nous polluent en vertu du pouvoir qu'on leur donne par notre silence. Je veux contribuer à faire le monde dont je rêve, et malgré la tragique impossibilité de le réaliser, j'ai le droit de cracher sur ces criminels qui me sourient. 




Par coeur

Aujourd'hui j'ai décidé de lutter contre la pente fatale. Celle qui fait que l'on confie de plus en plus sa mémoire à des instruments de stockage toujours plus importants, et toujours disponible, par un click.

Donc je vais apprendre par coeur, de nouveau, les grands poèmes. Sous ma douche, en voiture, quand je vais me chercher à manger à midi.

Je vais commencer par un Baudelaire (la Nature...), une ode d'Horace (Maecenas atavis), les baisers de Catulle, les erreurs de Pétrarque, un Apollinaire...

Ca va faire du bien !

jeudi 4 décembre 2008

sola sub nocte

La solitude ne m'a jamais fait peur, mais la multiplication des liens de réciprocité sociale oui.

Ce soir je me plonge dans une longue nuit solitaire, accompagnée d'un petit feu jusqu'aux premières lueurs matinales.

Malgré l'écrasante fatigue, le mal de tête, je suis bien.

Je sais que demain soir, j'aurai le droit de dormir.

mercredi 3 décembre 2008

mardi 2 décembre 2008

Les journalistes et le sarcophage de la culture

J'écoutais une émission française, dans laquelle quatre éditorialistes - plus l'animateur- s'indignaient de concert d'une mesure récemment prise par un secrétaire d'état: l'élimination de l'épreuve de culture générale dans les concours administratifs.

Le journaliste le plus célèbre du lot (PPDA), de se lancer dans un hymne ronflant à la culture: "qu'est-ce qu'il y a de moche à ne pas savoir... à savoir ... qu'il y a une déesse grecque nommée Isis ... ?"

Il y a bien, de ce nom, une déesse égyptienne qui veille sur le sarcophage. Avec nos journalistes, la culture est bien gardée, coffrée, scellée. Pas de risque qu'elle vive.

Allons, Monsieur Poivre, une petite fellation ?

lundi 24 novembre 2008

mort et livres


Je n'ai pas dit mort aux livres. Mais voyez, la mort rôde autour du livre. C'était quand l'imprimerie était une nouvelle technologie. L'odeur de mort traînait dans l'atelier, comme si on sentait que c'était un pouvoir dangereux; il ruinait certaines mainmises sur le savoir. D'ailleurs, combien d'imprimeurs ont été brûlés à l'époque !

Malgré tout, je crois que le livre, comme support technique de la diffusion d'art et d'idées, a un bel avenir encore.

Je crois aussi que le blogue ne représente pas grand chose dans l'histoire des évolutions des moyens techniques d'expression. C'est une petite extension de la capacité à chacun de faire du bruit. Or, la qualité naît de la contrainte et de la restriction.

mardi 18 novembre 2008

salon

Y a-t-il une seule bonne raison d'aller au salon du livre de Montréal ? J'hésite encore, chaque fois que j'y vais j'en ressors frustrée de voir que les écrivains de pacotille prennent toute la place. Les Vézina chemise ouverte, ça ne me tente pas beaucoup, et la littérature québécoise triomphante ne me branche pas plus que cela, enfermée dans son autisme provincial. Les esprits chagrins diront que c'est parce que mon livre n'y est pas. Il était au salon de Paris, et je n'y suis pas allée pour autant, bien que je fusse dans la région. De toute façon, je n'aime que les écrivains morts. Les écrivains vivants sont dans leur grande majorité insupportables. Il y en a même qui bloguent, et oulala !, ils se froissent plus facilement que du papier Bible. 

lundi 17 novembre 2008

l'informatique indiffère les femmes

C'est ce que rapporte Pisani. J'ai lu les commentaires, et j'ai tendance à être d'accord: de façon générale, les femmes ne supportent pas l'autisme de l'homme devant sa machine. Il semble prendre l'objet comme une fin, alors que nous y voyons un moyen. Nous ne voulons pas oublier de vivre, de respirer, d'échanger par des mots, des regards, des toucher. De même qu'on commence à se soucier du confort de notre milieu naturel, de même, un jour, on se préoccupera de la communication dans un milieu naturel comme d'une urgence vitale.

vendredi 14 novembre 2008

bernard&betty

Je hais la morale

Les prisons centrales

Les maisons d'arrêt

jeudi 13 novembre 2008

Les demi-savants

Pascal distingue trois types d'attitudes face à la connaissance, qui forment comme le cercle du savoir:

- les ignorants

- les demi-savants

- les savants

Pour lui, les savants en viennent souvent à penser la même chose que les ignorants, mais à la suite d'une démarche différente. Montaigne appelait cela l'inscience: le retour à un forme savante de l'ignorance.

Pourquoi pensais-je à cela ? Je ne me souviens plus vraiment. Ah oui, j'entendais un demi-savant éructer son patriotisme. Je déteste le patriotisme, il pollue l'amour que je peux porter à mon pays. Je l'affirme haut et fort: toute personne qui tient un discours patriotique ne peut pas être intelligente.

samedi 1 novembre 2008

Nus !

Donc hier, mon ami un peu fou et moi sommes allés fêter au centre-ville, à deux pas de chez lui. Il faisait doux, c'était débridé, carnavalesque. Les déguisements à l'effigie de la Palin faisaient fureur. Les jeunes filles aiment montrer un maximum de nudité; beaucoup d'hommes en profitent pour se travestir. Et tout le monde semblait n'attendre que cela: la course des nus à tête de citrouille. Comme une grande respiration sociale, un soulagement des mille contraintes du quotidien, un doigt d'honneur à la morale et à ses noeuds trop serrés, le droit de rire collectivement.

Bien sûr, les forces de l'ordre voulaient empêcher la course, mais avec la complicité d'une foule bien compacte, un longue file de zizis et de nichons cucurbitacéphales s'est déroulée:



Les gens étaient excités, on se touchait beaucoup dans la foule, et tout le monde riait, même quand ça pelotait - furtivement - votre servante en sait quelque chose.

Les policiers sont pourtant intervenus. Courir nu, quel scandale, quelle indécence ! Ca pourrait offenser les bonnes gens. Offenser qui ? Tous ceux qui étaient là étaient avides de voir, de rire, de jouir. Ces satanées lois ne veulent pas qu'on partage les joies du corps. Le corps, brut, fait peur, on le confine dans l'intime, puis c'est précisément ce corps intime qui intime qui fascine et terrorise. Vive la fête, qui le libère, le légitimise, lui donne un vrai sens, le sens de la révolte nécessaire contre l'étroitesse d'esprit, celle qui vient du mal originel de nos société: l'institution.





Bref, au total, j'en suis rentrée un peu plus bakthinienne: il y a quelque chose de sain dans la culture vraiment populaire.

Avec une petite tristesse cependant: le peuple se meut rarement de lui-même. A un moment donné, devant les flics qui notifiaent aux malheureux le fait qu'ils seraient accusés d'être des "sexual offenders" (c'est un comble !), un type a grimpé sur une colonne pour haranguer la foule et un autre a crié: "let's all get naked". Nous n'avons pas osé, je le regrette. C'aurait été émouvant.

(Merci à mon ami S* pour les vidéos et son cri du coeur dans l'une d'elle)

vendredi 31 octobre 2008

courir nu

Je suis chez un ami de longue date, à l'étranger, dans une ville bizarre où, ce soir, à la nuit tombée, des conspirationnistes débonnaires se réunissent au centre ville avec de gros sacs en plastique, se mettent nu, enfilent la tête dans une citrouille et vont courir à poil par les rues. 

Donc, nous trimons sur notre conférence diurnement et nous courrerons nus nuitament. Enfin, ce dernier point n'est pas encore acquis. Nous (il) négocions.

Mardi je serai vers Washington pour les élections. J'écoute les media très conservateurs, ils ont le moral dans les chaussettes, ils sentent déjà la défaite.  Elle est inexorable, et ils sont chous. Allez, les néo-cons, venez courir nus avec nous, ça change les idées.

jeudi 23 octobre 2008

Montaigne

Montaigne est parfois considéré comme un ancêtre du blogue / des blogueurs. On y trouve en effet une pratique de l'écriture souple, dynamique, qui procède par ruptures, reprises, récritures. L'introspection, le scepticisme et l'inscription de la pensée dans le temps de son écriture, dans le vaste mouvement chaotique qui entraîne le monde et toute certitude, expliquent en partie cette assimilation. 

Il y a bien sûr des différences essentielles entre l'essai montaignien et le blogue, ne serait-ce que le fait que le texte blogual croît linéairement, et a tendance à rejeter son histoire dans les profondeurs de ses pages, qu'on ne relit plus, alors que l'essai montaignien croît par strates superposées, ce qui fait que l'essai contient en soi, en "profondeur", sa propre histoire. 

J'avais déjà lu plusieurs fois la mention de Montaigne, convoquée comme modèle pour la pratique du blogue. La dernière occurrence, je l'ai trouvée dans un blogue technologique que j'aime bien lire - j'en suis la première surprise. Je trouve que l'auteur a compris l'essence de l'exercice et le pratique avec intelligence, sobriété et élégance. Il y a tout: de l'information, de l'humain, du dialogue, de la pensée en phase d'élaboration. Et la technologie, sous sa plume, n'est pas sèche, elle est un moyen d'interroger notre rapport au monde. 

Pour revenir à Montaigne, si les blogueurs pouvaient en lire juste quelques lignes, une fois ... 

En ce moment, j'aimerais tellement être capable de faire comme lui: "Quand je dance, je dance; quand je dors, je dors" (III, 13). Mon esprit arrive rarement à faire corps avec mon action du moment. 


jeudi 16 octobre 2008

p. 400

environ. 

Assister à la naissance, ou plutôt à la reconnaissance, d'une force de la pensée. Ce qui est frappant, c'est que devant une pensée vraiment forte, subtile, qui ne simplifie rien, n'évite aucun écueil, mais tente de prendre en compte l'infinie complexité des choses pour leur donner un sens, peu de d'individus sont en mesure d'accepter la confrontation. Même au plus haut niveau, certains courbent l'échine, vaincus, avant même d'avoir essayé. 

Qu'est-ce qu'une contribution intellectuelle ? Il y a ceux qui font circuler les idées qui sont dans l'air, sans les digérer, les trier, sans en faire grand chose en définitive. Ce sont des esprits-passeurs, mais j'hésite encore sur la notion d'esprit dans leur cas. Il y a ceux qui tentent d'apporter quelque chose, de faire un pas de plus. Ceux-ci ne font pas passer les idées, ils les sélectionnent, élaguent beaucoup, les intègrent, les digèrent. En eux s'opèrent une longue maturation, fruit d'une exigence austère. Un jour, cette maturation produit une pensée nouvelle, autonome, libre. Leur nouveauté est le fruit de tout un pan de l'histoire de la pensée, rien n'émerge a nihilo, leur innovation est une greffe, mais une greffe féconde. 


mercredi 15 octobre 2008

p. 9

J'aime beaucoup l'idiotie, c'est une de mes perversions. Je la scrute, je la guette, je la piège. Mais c'est un plaisir facile, et coupable.
 
Devant l'intelligence, devant la beauté infinie d'une pensée complexe, j'ai un respect presque religieux, ce figé qui nous saisit devant une divinité terrible. 

Quand je suis confronté à une pensée qui me dépasse, mais dont je sens que je peux la comprendre, qui me pousse à m'élever, qui me grandit, je ressens une série de frissons qui monte le long de mes jambes. Je sens quelque chose travailler dans mes entrailles, c'est un bonheur étrange, mais un bonheur puissant, de ceux qui vont nous accompagner toujours. 

J'aime me sentir ainsi petite devant quelqu'un qui m'apprend quelque chose de nouveau. Je l'admire, je lui suis reconnaissante, et j'aurais envie de l'embrasser. 

Je n'en suis qu'à la page 9, mais je l'embrasse. 

p. 2

Je me rends compte avec effroi que j'ai laissé des taches de café sur la page 2. 

J'oubliais

Le pire dans l'administration, c'est sa bêtise. Elle tend à pétrifier la règle, oubliant qu'elle est là pour nous servir, non pour nous asservir. 

La règle ne devrait être manipulée que par les gens intelligents, qui savent la dépasser. 

Or, l'administration est un chaud repère pour cerveaux frileux. 

P. 8, toujours. Elle est corsée, celle-là. 

page 8

Je dois évaluer un dossier pour une nomination. A vue de nez, 800 pages, plusieurs kilos. Comme je suis consciencieuse, je vais tout lire. Mais ma décision, j'aurais pu la prendre en 10 minutes, le temps de lire 2 pages - oui, il faut bien 10 minutes pour en lire 2, c'est pas du blogue, comprenez-vous ?- ou 30 minutes, le temps d'écouter cette personne. C'est ça, l'administration: beaucoup d'inutile, une bouffissure effrayante, car l'administration, pour justifier son existence, doit grossir d'année en année. Et, surtout, une défiance fondamentale envers le jugement des gens. 

J'aurai probablement fini ce soir, je vous tiens au courant. J'en suis à la page 8.

lundi 13 octobre 2008

Plein de vide

Je viens d'entendre une grande patronne qui s'exprimait sur la crise:

"ce qui a manqué, c'est l'absence de règles du jeu". 

On se réjouit de voir les solutions arriver ...

Gros danger dans la maison

J'entends ou lis au moins trois fois par jour l'expression "il y a péril en la demeure". Utilisée, bien entendu, pour exprimer un danger imminent, parmi nous. 

Ce qui est totalement faux: le proverbe signifie qu'il y a un péril à ne rien faire (à "demeurer").

J'ai ressenti une urgence à le dire. 

mercredi 8 octobre 2008

Précis de mauvaise littérature

Vient de paraître, paraît-il, la réédition du Jourde et Naulleau, "Précis de littérature du XXIe siècle".

La démarche est simple: un manuel littéraire qui traite d'une littérature "sans estomac", gonflée par un système médiatique et ses petits soldats journaleux incultes.

Je ne l'ai pas lu, mais je trouve la démarche saine.

Il y deux types principaux de création: celle qui n'est pas orientée par le désir d'être consommée, et qui travaille l'art lui-même. C'est Beckett, c'est Giacometti, des créateurs discrets, en retrait, dont l'atelier est un monde et leur personne une victime sacrifiée sur l'autel de forces prométhéennes qui les annihilent.

Et il y a les chasseurs de couvertures, de devantures, de flashes et des droits d'auteurs, qui ne créent rien, mais resucent. Ils dépensent leur énergie à se fondre dans les attentes d'un système médiatique, qui n'aime que le facile et le pré-mâché, de tout façon.

mardi 7 octobre 2008

La censure est une faiblesse

J'écris peu, mais je constate que j'ai déjà été censurée quatre fois (au moins).

Pour paraphraser un écrivain assez médiocre (Voltaire), la censure accrédite ceux qu'elle muselle. 

J'imagine qu'on doit se sentir assez petit quand on agit ainsi. 


vendredi 3 octobre 2008

A-t-on le droit de ne pas regretter ?

Vous commettez un "crime", des "crimes".

Vous "payez votre dette" à "la société".

Vous sortez.

Mais on vous interdit de parler de votre "crime".

Vous faites penser que vous ne regrettez pas d'avoir commis vos "crimes".

Pour lesquels vous avez "payé".

Conclusion: nous n'avons pas le droit de ne pas regretter. Ou du moins de l'exprimer.

Est-ce juste ?

mardi 30 septembre 2008

Le programme de l'e-conne

L'e-conne républicaine, surmaquillée, après s'être empêtrée dans ses erreurs, n'est désormais capable que de répéter un programme redondant et autotéléologique: "we're going to do what we have to do".

Dans la lignée de cette pâle e-connerie, voici, avec toute la précision requise, mon programme de la journée:

Me lever à l'heure où je dois me lever; petit-déjeuner d'un petit-déjeuner qui me convient; m'habiller d'habits qui me vont bien; me maquiller d'une couleur de maquillage qui me sied; partir au travail à l'heure où il me faut partir; travailler les sujets qu'il est prévu de travailler; déjeuner d'un met consigné dans le menu; abattre la tâche qu'il faut abattre dans la journée; me soulager aux moments où mon corps requiert de me soulager; le soir, me divertir d'un divertissement qui me divertit; m'endormir au moment où mon corps sombre dans le sommeil.

Voilà, je me sens prête pour la vice-présidence.

lundi 29 septembre 2008

Flux de bourses

Je ne sais pas si on se rend compte de l'immensité du scandale que réprésente la crise financière actuelle, et le fait que l'Etat vienne renflouer à coups de millions, de milliards ceux-là même qui sont responsables de la crise, à savoir ceux qui sans scrupules, sans compassion, se sont enrichis sur la misère des autres. Si je croyais à la morale, je parlerais d'immoralité extrême. Si vous voyiez à quel point en ce moment la troupe grouillante des lobbyistes payés par les institutions financières s'active dans les travées gouvernementales ! Il n'y aurait qu'une seule chose à souhaiter, l'effondrement complet du système, et une curée de grande ampleur des gueux sur les financiers cravatés. Pourquoi n'y aurait-il pas une saisie préventive de grande ampleur de tous les biens des financiers impliqués dans cette mise à sac ? Le spéculatif échappe-t-il au devoir de rendre des comptes ? Serait-il au-dessus des lois ? Mais notre système n'est plus capable de révolution, parce que chacun a reçu une dose suffisante de confort, autant matériel que, surtout, intellectuel. L'endormissement de l'esprit est vraiment la pire chose qui soit, l'arme absolue. Il ouvre la porte à la seule valeur suprême, cette chose d'une laideur absolue qu'on appelle argent. 

vendredi 26 septembre 2008

Palin, l'e-conne

Regardé la dernière entrevue de la Palin à CBS. C'est effarant, une idiote pur sucre. Une vision du monde d'enfant, des yeux effarés, un bégaiement continuel, un discours totalement incohérent.

C'est le monde d'aujourd'hui: défaite du logos devant l'icône.

jeudi 25 septembre 2008

Nique et pine

Je déteste être prévisible, mon orgueil en prend un coup. Mais il faut assumer. Qu’Ed cesse donc ses enfantillages, la tag, outre d’être un sale nom, est comme un vieux chewing-gum qui passerait de bouche en bouche. Imaginez le goût de salive durcie !

Je n’aime pas ce jeu pour plusieurs raisons :

- c’est puéril (péché véniel)
- ça a pour effet principal de renforcer l’infecte logique du flux (voir plus bas)
- c’est viral, c’est exponentiel, ça répond à une volonté néfaste d’expansion, mais non l’expansion d’un savoir qui se construirait, se développerait, se hiérarchiserait, mais seulement l’expansion du même. Encore de la moutonnerie.
- c’est basé sur le pavanement du moi. Le premier qui lance le mécanisme est mégalomane. Pour son plaisir narcissique, il contamine ses amis, sans s’interroger sur le déplaisir qu’il peut entraîner aux divers niveaux d’expansion de ce satané mécanisme, tant il est certain que son lien inepte touchera le blogueur comme la grâce divine le pécheur. Le destinataire est souvent complice d’ailleurs, il est flatté, le con.
- mais c’est sur surtout une contrainte. Je déteste qu’on me dise quoi écrire, à quoi penser, qu’on me fasse participer de force aux bêlements du troupeau. Merde ! J’ai remonté la tag des photos de bureau, j’ai constaté que beaucoup de blogueurs infectés sont gênés, incommodés, se plient à contre gré à l’exercice, contraints par l’amitié qui les lient au dernier passeur de la vérole virtuelle. Si mes brèves recherches sont exactes, le grand coupable, dans la tag des bureaux, est Dominic Arpin. Je soulève volontiers ma jupe pour l’ami qui me trouble en plongeant ses yeux dans les miens, mais je refuse de me faire dominiquer par procuration ou de me faire arpiner à mon insu.
- les tags sont ineptes. Les sujets sont inoffensifs, ils font ronronner la bien-pensance. Comme par hasard, il n’y a jamais de tag du genre : « quels arguments moraux trouvez-vous pour justifier le fait que, sachant que votre abonnement au câble pourrait sortir de la misère trois enfants de Calcutta, vous continuiez de vous abonner ? ». Ce serait le moment de se rendre compte que ces conneries à grande échelle nous endorment, et que cet endormissement profite à quelques uns.

Enfin, je ne me fais pas d’illusion, il y aura toujours un Ego suffisamment indécent (pléonasme) pour vouloir laisser sa petite goutte universellement. « En un mot le moi a deux qualités ; il est injuste en soi, en ce qu'il se fait le centre de tout ; il est incommode aux autres, en ce qu'il les veut asservir ; car chaque moi est l'ennemi, et voudrait être le tyran de tous les autres. »

la culture

La culture, c'est la mémoire de ce que l'on est en tant que collectivité.

jeudi 11 septembre 2008

Heureux les pauvres d'esprit...

J'écoutais sur le chemin du retour une radio religieuse. L'animateur, la larme à l'oeil, disait: "Il faut toujours se souvenir de cette réalité merveilleuse: dès que vous tournez vos yeux vers Dieu, sachez que les yeux de Dieu, simultanément, vous regardent".

L'anthropomorphisme a de beaux jours devant lui.

mardi 2 septembre 2008

Le jour des moutons

Blog day. Je l’ai laissé passer, fichtre. Mon problème, c’est qu’il y en a un seul que j’aime. Les blogues sont toujours décevants sur la longueur. Et en fait, j’en lis un plus grand nombre par détestation que par amour.

Ceci dit, ce jour des blogues est une connerie, et je ne félicite pas le troupeau des suiveurs qui se croient obligés d’obéir à la grande logique du flux qui est à l’origine de cette « idée ». Franchement, ces tags, ces jours, ces galas, vous ne trouvez pas en vous de quoi y résister ? La moutonnerie, ça ne vous dégoûte pas ? Vous avez tous les jours de l’année pour parler de vos découvertes, pourquoi vous soumettre à une initiative qui vient d’on ne sait où et qui a très probablement pour but ultime de stimuler la consommation – ou plutôt le trafic - car il rapporte toujours quelque chose à quelqu’un.

Comme le dit Aristote, cité par Rabelais : le mouton est le plus sot et inepte animal du monde.

lundi 25 août 2008

C'est la rentrée

Bon, franchement, dites-moi, qu'est-ce qu'il y a de plus ennuyeux (j'allais dire "chiant") qu'un blogue de prof qui parle de choses de prof ? Les profs du secondaire, surtout. Leur monde a l'air tellement petit. Ils dissèquent la routine dans une langue bien maîtrisée (mais tellement sèche!), avec cette petite tendance à l'exhaustivité qui fait qu'on s'endort avant la fin de la phrase.

J'hésite parfois entre deux explications: faute d'avoir pu saisir l'occasion de la vraie recherche, ils se recroquevillent sur une pédagogie qui les aigrit. Mais ceux-ci, souvent, ne tiennent pas de blogue. Dommage, ils pourraient être caustiques. Ou alors, faute d'avoir les capacités de faire de la vraie recherche, ils s'épanouissent dans cet entre-deux de la connaissance qu'est la pédagogie. Ils jouissent de leur statut, un petit empire bien circonscrit, comme leur vie. Ceux-ci tendent à bloguer.

vendredi 15 août 2008

Petite faim

L’intelligence (la vivacité d’esprit, la curiosité, l’exigence, l’amour des nuances, le besoin de se dépasser) a besoin de stimulations pour se développer. Je pensais cela en voyant quelqu’un que j’aime bien, tout à l’heure, dans son milieu de travail. Il y fleurit la réduction de la pensée. On réfléchit par lieu commun, on ne craint pas l’outrance, la blague domine, on parle actualité, vacances, relations de travail, guère plus. De toute façon, on se parle par bribes, par ennui. Je voyais cette personne, une intelligence fine, un esprit éveillé, qui aime les défis, et je me disais qu’au fil des ans son esprit, peu stimulé pendant la journée, s’abaisserait au niveau de ses collègues, se contenterait d’une activité peu déstabilisante, et finirait pas se marrer des inanités proférées, qui le nourriront assez, puisque sa faim sera moindre.
Je n’ai pas aimé cette vision d’horreur, et je me suis promise de ne jamais céder à la facilité avec lui.

mercredi 6 août 2008

A vendre: veste de voyou, trop grande pour moi

Ce gars est un phénomène intéressant, par la cour qu’il s’est bâtie. Essentiellement, pour les lectrices les plus assidues, une petite fascination pour son côté mauvais garçon à sauver de lui-même malgré lui-même, et selon cette recette connue que le critique les plus virulent attire souvent celles et ceux qui rêvent d’une reconnaissance d’autant plus forte. Il est pathétique de voir ces personnes rabrouées qui viennent encore essuyer le talon qui les écrase. C’est leur vie après tout. Je n’ai jamais compris les flatteurs, cela témoigne d’une estime de soi qui peine à s’approcher de zéro (par le bas). Je ne comprends pas plus ceux qui aiment être flattés, cela révèle une fragilité narcissique assez grande. Il faut le dire bien haut : la flatterie abaisse autant le flatteur que le flatté. Mais passons. Il arrive à être marrant parfois, ce qui est rare, et un très bon point. Petite tendance à jouer l’adolescent attardé, ce qui personnellement me gêne moins que la prétention. Franchise rafraîchissante, bornée néanmoins par le goût de choquer et un certain conservatisme qui le fait utiliser fréquemment les recettes qui marchent. Très self-centered, probablement à outrance.

Là où je l’ai trouvé vraiment nul, c’est sur ses récits de son voyage de Compostelle. Le bon québécois fait son effort surhumain pour agripper un peu d’altérité culturelle, par l’éloignement géographique et les échos historiques (je dis bien un peu, vu que ce voyage est déjà en soi un gros cliché). Or, il en ressort quelques petits crachats contre les conditions d’hébergements, les nationalités rencontrées et le mal aux pieds, et une ode exaltée à sa maison de banlieue. Tu te dis parfois que l’être humain a tout ce qu’il faut pour s’élever, comme le nain sur les épaules des géants, mais il ne lui manque qu’une chose : la volonté. Alors il trouve autour de lui quelques specimen bien aplatis pour monter dessus et pour voir juste un peu plus haut, quelque part au niveau du soupirail. Et ce spectacle lui suffit. Alors il parle de haut, et fort, sur les veules qui lui servent de paillasson.

Un peu de culture permettrait à des types de ce genre de franchir un palier. Mais pour cela le roitelet doit accepter de n’être plus rien dans un monde sans bornes

mercredi 30 juillet 2008

Gros cerveau commun

Je l’aime bien Renart. Premier billet un peu public sur la blogosphère, que fait-il ? Il déroule sa (longue) liste de petits amis. Cela préfigure de puissantes et profondes vues sur la société.

La sphère est comparée à un « gros cerveau commun » , quelque chose d’une absurdité terrorisante, mais qui explique bien des choses. Du moment qu’un gros cerveau quelque part pense pour nous, ça soulage, n’est-ce pas ? Pas besoin de lire Platon, Rousseau ou Heidegger, quand on aura besoin d’un digest pas trop lourd de leur pensée, on cliquera sur un lien.

Aveu de faiblesse

Ce doit être l’été, peu de choses m’indignent, à part moi-même. Pourtant, je ne céderai pas à la tentation de raconter ma vie. Je ne m’inquiète pas, il suffit que je recommence à m’intéresser aux autres, la petitesse n’est jamais loin.

mercredi 16 juillet 2008

Les gauchistes et l'ordre

Nos gauchistes ne sont plus ce qu’ils étaient. Avant, ils étaient un peu cons avec Marx, le Livre rouge ou le manuel de la guérilla urbaine de Marighella, mais au moins – certains d’eux en tous cas – sacrifiaient leur vie et leur avenir à une conviction. Surtout, pour eux, les manifestations de l’ordre, avaient des relents de classe. Il y avait quelque chose de fétide chez le voisin qui regarde par le judas, dans les feux de signalisation, dans le respect des signes de la propriété. J’aime bien contempler la petitesse de certains gauchistes d’aujourd’hui. Eux qui revendiquent une largesse de vue, la libéralité des mœurs, le métissage culturel, l’absence de frontières, je les lis souvent s’indigner du bruit du voisin, de l’incivilité dans l’autobus, d’une impolitesse, d’une critique trop vive. Ils prétendent vouloir un monde meilleur et hurlent qu’on leur a marché sur le pied. Autant tolérant dans ses discours que raidi sur son confort, ce tartuffe brandit l’idéologie du respect pour mieux cacher que ses convictions ont épousé le périmètre bouffi de son bien. Ce type me déçoit et me dégoûte.

dimanche 13 juillet 2008

Shane est encore vivant

Périodiquement, je me demande si Shane Mc Gowan est encore vivant. Je l’ai connu titubant à un concert il y dix ans, j’en étais ressortie avec plus de pulsions pour Shane que pour mon accompagnateur velléitaire. J’ai une inaltérable admiration et une tendresse infinie pour ceux qui, comme lui, ont trouvé moyen de se rendre radicalement irrécupérable au risque de se détruire, ou plutôt par une autodestruction assumée.