lundi 24 novembre 2008

mort et livres


Je n'ai pas dit mort aux livres. Mais voyez, la mort rôde autour du livre. C'était quand l'imprimerie était une nouvelle technologie. L'odeur de mort traînait dans l'atelier, comme si on sentait que c'était un pouvoir dangereux; il ruinait certaines mainmises sur le savoir. D'ailleurs, combien d'imprimeurs ont été brûlés à l'époque !

Malgré tout, je crois que le livre, comme support technique de la diffusion d'art et d'idées, a un bel avenir encore.

Je crois aussi que le blogue ne représente pas grand chose dans l'histoire des évolutions des moyens techniques d'expression. C'est une petite extension de la capacité à chacun de faire du bruit. Or, la qualité naît de la contrainte et de la restriction.

mardi 18 novembre 2008

salon

Y a-t-il une seule bonne raison d'aller au salon du livre de Montréal ? J'hésite encore, chaque fois que j'y vais j'en ressors frustrée de voir que les écrivains de pacotille prennent toute la place. Les Vézina chemise ouverte, ça ne me tente pas beaucoup, et la littérature québécoise triomphante ne me branche pas plus que cela, enfermée dans son autisme provincial. Les esprits chagrins diront que c'est parce que mon livre n'y est pas. Il était au salon de Paris, et je n'y suis pas allée pour autant, bien que je fusse dans la région. De toute façon, je n'aime que les écrivains morts. Les écrivains vivants sont dans leur grande majorité insupportables. Il y en a même qui bloguent, et oulala !, ils se froissent plus facilement que du papier Bible. 

lundi 17 novembre 2008

l'informatique indiffère les femmes

C'est ce que rapporte Pisani. J'ai lu les commentaires, et j'ai tendance à être d'accord: de façon générale, les femmes ne supportent pas l'autisme de l'homme devant sa machine. Il semble prendre l'objet comme une fin, alors que nous y voyons un moyen. Nous ne voulons pas oublier de vivre, de respirer, d'échanger par des mots, des regards, des toucher. De même qu'on commence à se soucier du confort de notre milieu naturel, de même, un jour, on se préoccupera de la communication dans un milieu naturel comme d'une urgence vitale.

vendredi 14 novembre 2008

bernard&betty

Je hais la morale

Les prisons centrales

Les maisons d'arrêt

jeudi 13 novembre 2008

Les demi-savants

Pascal distingue trois types d'attitudes face à la connaissance, qui forment comme le cercle du savoir:

- les ignorants

- les demi-savants

- les savants

Pour lui, les savants en viennent souvent à penser la même chose que les ignorants, mais à la suite d'une démarche différente. Montaigne appelait cela l'inscience: le retour à un forme savante de l'ignorance.

Pourquoi pensais-je à cela ? Je ne me souviens plus vraiment. Ah oui, j'entendais un demi-savant éructer son patriotisme. Je déteste le patriotisme, il pollue l'amour que je peux porter à mon pays. Je l'affirme haut et fort: toute personne qui tient un discours patriotique ne peut pas être intelligente.

samedi 1 novembre 2008

Nus !

Donc hier, mon ami un peu fou et moi sommes allés fêter au centre-ville, à deux pas de chez lui. Il faisait doux, c'était débridé, carnavalesque. Les déguisements à l'effigie de la Palin faisaient fureur. Les jeunes filles aiment montrer un maximum de nudité; beaucoup d'hommes en profitent pour se travestir. Et tout le monde semblait n'attendre que cela: la course des nus à tête de citrouille. Comme une grande respiration sociale, un soulagement des mille contraintes du quotidien, un doigt d'honneur à la morale et à ses noeuds trop serrés, le droit de rire collectivement.

Bien sûr, les forces de l'ordre voulaient empêcher la course, mais avec la complicité d'une foule bien compacte, un longue file de zizis et de nichons cucurbitacéphales s'est déroulée:



Les gens étaient excités, on se touchait beaucoup dans la foule, et tout le monde riait, même quand ça pelotait - furtivement - votre servante en sait quelque chose.

Les policiers sont pourtant intervenus. Courir nu, quel scandale, quelle indécence ! Ca pourrait offenser les bonnes gens. Offenser qui ? Tous ceux qui étaient là étaient avides de voir, de rire, de jouir. Ces satanées lois ne veulent pas qu'on partage les joies du corps. Le corps, brut, fait peur, on le confine dans l'intime, puis c'est précisément ce corps intime qui intime qui fascine et terrorise. Vive la fête, qui le libère, le légitimise, lui donne un vrai sens, le sens de la révolte nécessaire contre l'étroitesse d'esprit, celle qui vient du mal originel de nos société: l'institution.





Bref, au total, j'en suis rentrée un peu plus bakthinienne: il y a quelque chose de sain dans la culture vraiment populaire.

Avec une petite tristesse cependant: le peuple se meut rarement de lui-même. A un moment donné, devant les flics qui notifiaent aux malheureux le fait qu'ils seraient accusés d'être des "sexual offenders" (c'est un comble !), un type a grimpé sur une colonne pour haranguer la foule et un autre a crié: "let's all get naked". Nous n'avons pas osé, je le regrette. C'aurait été émouvant.

(Merci à mon ami S* pour les vidéos et son cri du coeur dans l'une d'elle)