mercredi 28 janvier 2009

Le blogue fade

C’est celui dont on se dit : tout ce que cette personne écrit m’indiffère. On se lasse vite de cette scansion monotone de l’indistinction journalière. On y retourne parfois, pour vérifier que le temps y est toujours aussi gris, ou que le logis pète d’autant de couleurs vives. C’est propre, orné, lisse, c’est quotidien, c’est rien.

samedi 17 janvier 2009

stats pubs fuck

Que le blogueur soit obsédé par ses statistiques, passe encore, nul n'est totalement responsable du chancre qui le ronge. Mais qu'il ne puisse se retenir d'en parler, d'en faire des rapports, d'établir des classements de ses billets les plus lus, d'exposer les stratégies payantes en termes de trafic, il y a là une faute de goût majeure.

Cette mercantilisation de la communication (je n'ose plus dire "pensée") est répugnante. Si la parole est libre, sa circonscription dans une audience la rend forcément captive. Je ne crois qu'à la pensée qui s'origine dans le mépris profond de son succès. Elle seule est pure, elle seule me séduit.

Il y en a même quelques uns qui passent au stade suivant, la rentabilisation. La présence de publicité. Vous saisissez la laideur de ce mot ? Pour moi, la pub est une source majeure de pollution. Ce racolage indécent qui me considère de façon insultante, comme une acheteuse. Qui tente de me séduire alors que je n’adhère à aucune de ses valeurs, ni à son graphisme grossier, ni à ses slogans vides, ni à ses sourires contrefaits, ni à ses mirages du nouveau, ni à sa logique consumériste que j’exècre par-dessus tout. Il serait temps de remettre les marchands à leur place. Qu’ils vendent oui, mais qu’ils n’empiètent plus, avec tant d’agressivité, de laideur, avec leurs doigts gras et leur haleine chargée, sur mon environnement immédiat.

Je perds toute estime pour le blogueur qui met de la pub sur sa page. Point.

D'ailleurs, il y a une mauvaise odeur qui s'exhale chez certains représentants de cette gauche bien-pensante, qui ne savent plus combattre, encore moins résister, tellement ouverts et tolérants qu'ils ont épousé sans (se) l'avouer tous les credo de cette vaste entreprise d'asservissement capitaliste, et son immonde version "culturelle".

vendredi 2 janvier 2009

On finira nos verres une autre fois

Dans un moment d’errance, je tombe sur une vidéo de Gilles Deleuze parlant de la boisson – de son alcoolisme et de son rapport à la pensée -, sur le blogue de Chantal Guy, qui parle de littérature. Son témoignage est intéressant, même si je crois que Deleuze joue avec la question et répond de façon très ironique. Après tout, l’idée que l’écrivain (le penseur) offre son corps en sacrifice pour une révélation qui le dépasse est un vieux motif de la réflexion sur la création – mais pour être vieux, il n’en perd pas pour autant d’intérêt dans ses multiples métamorphoses.

Ce qui est consternant, c’est la façon dont ce témoignage est recyclé dans le blogue. Comme il est question d’un philosophe important, et que cela va forcément faire peur aux lecteurs (à la masse des lecteurs), il faut tempérer. Alors on met une touche de parler populaire (« boésson »), une touche d’actualité (les excès des fêtes), et on prend bien soin de préciser qu’on s’adresse à la grande confraternité des ignares : « Vous apprendrez aussi un nouveau mot: pénultième ». Je me demande bien à quoi ça sert de refiler du Deleuze à ceux qui ne connaissent pas le mot « pénultième ». Et j’ai un doute : la blogueuse littéraire ignorait-elle le mot ou était-ce simplement de l’arrogance ?