dimanche 28 février 2010

esprit public, douleur privée

Je viens de finir mon émission préférée de commentaire de l'actualité, "Esprit public", sur France Culture. Dans la médiocrité abyssale du paysage médiatique, cette radio survole le gouffre comme les grands oiseaux hugoliens qui planent, ivres de génie et d'indignation, sur ce grand mutisme de la pensée qui étourdit notre monde.

En fin d'émission, mon commentateur préféré, pour la pénétration de ses analyses, l'élégance de son langage et la pondération de ses propos, Jean-Louis Bourlanges, recommande la lecture du livre de Diane de Margerie, Proust et l'obscur. J'admirais ce souci pour une culture exigeante, qu'il maîtrise si bien, chez ce spécialiste en sciences politiques, énarque, conseiller à la cour des comptes.

Sa voix s'étrangle soudain de douleur, alors qu'il mentionne, défaillant, que c'est le dernier livre qu'il a lu à sa femme, malvoyante, qui vient de mourir la semaine passée. L'immense pudeur qui habillait son désespoir m'a fait pleurer.