lundi 25 août 2008

C'est la rentrée

Bon, franchement, dites-moi, qu'est-ce qu'il y a de plus ennuyeux (j'allais dire "chiant") qu'un blogue de prof qui parle de choses de prof ? Les profs du secondaire, surtout. Leur monde a l'air tellement petit. Ils dissèquent la routine dans une langue bien maîtrisée (mais tellement sèche!), avec cette petite tendance à l'exhaustivité qui fait qu'on s'endort avant la fin de la phrase.

J'hésite parfois entre deux explications: faute d'avoir pu saisir l'occasion de la vraie recherche, ils se recroquevillent sur une pédagogie qui les aigrit. Mais ceux-ci, souvent, ne tiennent pas de blogue. Dommage, ils pourraient être caustiques. Ou alors, faute d'avoir les capacités de faire de la vraie recherche, ils s'épanouissent dans cet entre-deux de la connaissance qu'est la pédagogie. Ils jouissent de leur statut, un petit empire bien circonscrit, comme leur vie. Ceux-ci tendent à bloguer.

vendredi 15 août 2008

Petite faim

L’intelligence (la vivacité d’esprit, la curiosité, l’exigence, l’amour des nuances, le besoin de se dépasser) a besoin de stimulations pour se développer. Je pensais cela en voyant quelqu’un que j’aime bien, tout à l’heure, dans son milieu de travail. Il y fleurit la réduction de la pensée. On réfléchit par lieu commun, on ne craint pas l’outrance, la blague domine, on parle actualité, vacances, relations de travail, guère plus. De toute façon, on se parle par bribes, par ennui. Je voyais cette personne, une intelligence fine, un esprit éveillé, qui aime les défis, et je me disais qu’au fil des ans son esprit, peu stimulé pendant la journée, s’abaisserait au niveau de ses collègues, se contenterait d’une activité peu déstabilisante, et finirait pas se marrer des inanités proférées, qui le nourriront assez, puisque sa faim sera moindre.
Je n’ai pas aimé cette vision d’horreur, et je me suis promise de ne jamais céder à la facilité avec lui.

mercredi 6 août 2008

A vendre: veste de voyou, trop grande pour moi

Ce gars est un phénomène intéressant, par la cour qu’il s’est bâtie. Essentiellement, pour les lectrices les plus assidues, une petite fascination pour son côté mauvais garçon à sauver de lui-même malgré lui-même, et selon cette recette connue que le critique les plus virulent attire souvent celles et ceux qui rêvent d’une reconnaissance d’autant plus forte. Il est pathétique de voir ces personnes rabrouées qui viennent encore essuyer le talon qui les écrase. C’est leur vie après tout. Je n’ai jamais compris les flatteurs, cela témoigne d’une estime de soi qui peine à s’approcher de zéro (par le bas). Je ne comprends pas plus ceux qui aiment être flattés, cela révèle une fragilité narcissique assez grande. Il faut le dire bien haut : la flatterie abaisse autant le flatteur que le flatté. Mais passons. Il arrive à être marrant parfois, ce qui est rare, et un très bon point. Petite tendance à jouer l’adolescent attardé, ce qui personnellement me gêne moins que la prétention. Franchise rafraîchissante, bornée néanmoins par le goût de choquer et un certain conservatisme qui le fait utiliser fréquemment les recettes qui marchent. Très self-centered, probablement à outrance.

Là où je l’ai trouvé vraiment nul, c’est sur ses récits de son voyage de Compostelle. Le bon québécois fait son effort surhumain pour agripper un peu d’altérité culturelle, par l’éloignement géographique et les échos historiques (je dis bien un peu, vu que ce voyage est déjà en soi un gros cliché). Or, il en ressort quelques petits crachats contre les conditions d’hébergements, les nationalités rencontrées et le mal aux pieds, et une ode exaltée à sa maison de banlieue. Tu te dis parfois que l’être humain a tout ce qu’il faut pour s’élever, comme le nain sur les épaules des géants, mais il ne lui manque qu’une chose : la volonté. Alors il trouve autour de lui quelques specimen bien aplatis pour monter dessus et pour voir juste un peu plus haut, quelque part au niveau du soupirail. Et ce spectacle lui suffit. Alors il parle de haut, et fort, sur les veules qui lui servent de paillasson.

Un peu de culture permettrait à des types de ce genre de franchir un palier. Mais pour cela le roitelet doit accepter de n’être plus rien dans un monde sans bornes