samedi 1 novembre 2008

Nus !

Donc hier, mon ami un peu fou et moi sommes allés fêter au centre-ville, à deux pas de chez lui. Il faisait doux, c'était débridé, carnavalesque. Les déguisements à l'effigie de la Palin faisaient fureur. Les jeunes filles aiment montrer un maximum de nudité; beaucoup d'hommes en profitent pour se travestir. Et tout le monde semblait n'attendre que cela: la course des nus à tête de citrouille. Comme une grande respiration sociale, un soulagement des mille contraintes du quotidien, un doigt d'honneur à la morale et à ses noeuds trop serrés, le droit de rire collectivement.

Bien sûr, les forces de l'ordre voulaient empêcher la course, mais avec la complicité d'une foule bien compacte, un longue file de zizis et de nichons cucurbitacéphales s'est déroulée:



Les gens étaient excités, on se touchait beaucoup dans la foule, et tout le monde riait, même quand ça pelotait - furtivement - votre servante en sait quelque chose.

Les policiers sont pourtant intervenus. Courir nu, quel scandale, quelle indécence ! Ca pourrait offenser les bonnes gens. Offenser qui ? Tous ceux qui étaient là étaient avides de voir, de rire, de jouir. Ces satanées lois ne veulent pas qu'on partage les joies du corps. Le corps, brut, fait peur, on le confine dans l'intime, puis c'est précisément ce corps intime qui intime qui fascine et terrorise. Vive la fête, qui le libère, le légitimise, lui donne un vrai sens, le sens de la révolte nécessaire contre l'étroitesse d'esprit, celle qui vient du mal originel de nos société: l'institution.





Bref, au total, j'en suis rentrée un peu plus bakthinienne: il y a quelque chose de sain dans la culture vraiment populaire.

Avec une petite tristesse cependant: le peuple se meut rarement de lui-même. A un moment donné, devant les flics qui notifiaent aux malheureux le fait qu'ils seraient accusés d'être des "sexual offenders" (c'est un comble !), un type a grimpé sur une colonne pour haranguer la foule et un autre a crié: "let's all get naked". Nous n'avons pas osé, je le regrette. C'aurait été émouvant.

(Merci à mon ami S* pour les vidéos et son cri du coeur dans l'une d'elle)

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