vendredi 26 juin 2009
Inappartenance
C'est un beau sentiment, qu'il est sain d'éprouver de temps à autre, et que je partage en ladite occasion.
jeudi 25 juin 2009
Le petit blogueur
Il regarde les adresses IP, il veut deviner fébrilement qui vient le lire, qui le critique, qui l’aime, il édicte des règles ridicules pour son petite univers, il bannit, il va commenter pour attirer les autres chez lui, il n’arrive pas à se retenir de laisser sa petite crotte sur le sujet chaud du moment, même s’il n’a rien à dire, il sait quels mots-clefs lui attireront du trafic, il se cite compulsivement, il fait des billets pour répéter ce qu’il a dit ailleurs, il a des croisades dérisoires contre des ennemis dérisoires, il fait des alliances, il s’inscrit dans les sites de « référence », il rêve de monter dans les classements, il compare avec délectation le sien avec ceux de ses ennemis ou concurrents, il rêve de trophées, de tribune, d’un vaste système cosmique dont il serait le point pivotal. Il ne pense pas, il aborde des sujets. Il ne lit plus de livres, il lit des billets ; la quête du savoir ne part pas de lui, mais du réseau de rss qui piétinent un cerveau passif. Il défend de grandes causes, mais il a renoncé à acquérir les outils pour penser. Faute de savoir se retirer de la frénésie de communication autotélique, il ne se cultive plus, il n’apprend plus, il n’approfondit rien au-delà de l’écume des choses, il ne connaît plus rien sinon l’image de lui-même qu’il rêve de disséminer universellement. Tel est le bon blogueur : toujours là, fidèle, mais gris, une sorte de nœud routier qui ne mène à nulle part, et se délabre.
mercredi 17 juin 2009
la beauté du révolté
Je me suis parfois distraite avec certains exemplaires de la vaste race de ceux qui ont capitulé. Je ne pouvais me retenir, après peu de temps, de les mépriser et de leur faire payer leur petitesse. D'ailleurs, ils ne comprenaient même pas, à quoi bon s'en faire ?
jeudi 4 juin 2009
Débat des élections européennes
Il faut reconnaître qu'il y a d'excellents débatteurs sur le plateau. Je les classe dans l'ordre suivant:
1. Besancenot: clair, tranchant, concis, avec toujours des exemples nets qui soulèvent l'indignation. Il arrive à être à la fois extrême et convaincant. Parfaite éthique du débat: il n'interromp jamais, mais lorsqu'il parle, son temps de parole est d'une efficacité redoutable.
2. Cohn-Bendit: sympa, bonhomme, enflammé, rigolard et pragmatique. C'est, selon moi, le meilleur pour dessiner des synergies opératoires. Une vraie vision.
3. Mélanchon: je l'ai connu plus acide; à la fois habile débateur et capable d'être très concret. Il arrive à exister très habilement, alors qu'il représente très peu en terme électoral. Excellent lorsqu'il bougonne ou qu'il agresse la journaliste.
4. Bayrou: porte des coups bas, assez indignes. Sa posture inspirée fonctionne sporadiquement, mais ne convient pas à ce type de débat. Il est entre le juge et le prédicant, ou même parfois dans la théorie du complot. Son positionnement politique est brouillé, car il veut profiter à la fois de la rhétorique de l'opposition et défendre l'Europe qu'il a construite.
5. Le Pen: elle n'est pas mauvaise, mais ses indignations sentent la recette trop souvent utilisée. Il y a quelque chose de mécanique qui lui nuit, et surtout le fait qu'elle est entourée de sacrés mauvais garçons qui la déplument dans la course à l'outrance.
6. Aubry: trop rigide, monocorde, un côté idéologue officiel qui passe mal. Sauvée par sa réponse sur la Turquie.
7.. Bertrand: trop rond, trop mou, trop faux. Il faut cependant reconnaître qu'il est seul contre tous les autres, et qu'il encaisse bien. Mais être seul est aussi un avantage dont il n'a pas profité. Hausser les épaules ne remplace pas un argument bien ciselé.
8. De Villiers. Emprunté, effacé, désservi par sa voix. Indignation ridicule; comme le dit Daniel: "Il est vieux, De Villiers". Le souffre-douleur de la classe.
La journalise, Arlette Chabot: vraiment nulle. Elle avait l'air d'une vieille peau d'institutrice chahutée.
Je me suis quand même bien amusée.
Destins brisés
Le journaliste aurait dû écrire: "les destins accomplis", ou quelque chose du genre, la mort étant le point d'aboutissement d'une destinée.
Cela révèle une chose, c'est qu'on a détourné le sens originel du mot "destin", pour le faire équivaloir à une forme d'idéal. Ce qui a été brisé, c'est le rêve d'une vie idéale, ou, peut-être pire, le déroulement d'une vie selon une forme de logique, correspondant à un parcours social convenu. Qu'importe, le fait est que nous n'acceptons plus que l'imprévu fasse partie de notre vie, ou que notre vie dépende de forces extérieures à notre volonté (notre "arbitre", comme on disait).
C'est une grande illusion, de celles qui explosent parfois en plein vol.