vendredi 2 janvier 2009

On finira nos verres une autre fois

Dans un moment d’errance, je tombe sur une vidéo de Gilles Deleuze parlant de la boisson – de son alcoolisme et de son rapport à la pensée -, sur le blogue de Chantal Guy, qui parle de littérature. Son témoignage est intéressant, même si je crois que Deleuze joue avec la question et répond de façon très ironique. Après tout, l’idée que l’écrivain (le penseur) offre son corps en sacrifice pour une révélation qui le dépasse est un vieux motif de la réflexion sur la création – mais pour être vieux, il n’en perd pas pour autant d’intérêt dans ses multiples métamorphoses.

Ce qui est consternant, c’est la façon dont ce témoignage est recyclé dans le blogue. Comme il est question d’un philosophe important, et que cela va forcément faire peur aux lecteurs (à la masse des lecteurs), il faut tempérer. Alors on met une touche de parler populaire (« boésson »), une touche d’actualité (les excès des fêtes), et on prend bien soin de préciser qu’on s’adresse à la grande confraternité des ignares : « Vous apprendrez aussi un nouveau mot: pénultième ». Je me demande bien à quoi ça sert de refiler du Deleuze à ceux qui ne connaissent pas le mot « pénultième ». Et j’ai un doute : la blogueuse littéraire ignorait-elle le mot ou était-ce simplement de l’arrogance ?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais aussi regardé cet extrait sur ce blogue et je cherchais ce qui clochait. Vous mettez dans le mille.

Annie a dit…

et on prend bien soin de préciser qu’on s’adresse à la grande confraternité des ignares : « Vous apprendrez aussi un nouveau mot: pénultième ». Je me demande bien à quoi ça sert de refiler du Deleuze à ceux qui ne connaissent pas le mot « pénultième »...

Hey bien, moi je ne connais pas Deleuze, ni pénultième, et je ne suis pas ignare pour autant. La culture et le savoir est unique à chacun et c'est ce qui fait la richesse des relations sociales, des échanges avec les gens. Mais pour vous on dirait bien que tous devraient être comme toi, connaître les mêmes chose que toi, parce que tu es siiiiiiiiii cultivée et au dessus de la masse.
Quel vision ethnocentrique à souhait : le savoir est différent aussi dans chaque culture et l'africain ou le chinois ne sauront peu-être pas non plus qui est Deleuze, mais sauront milles et une chose que tu ne sais pas.

Sérieusement je reviens te lire une fois de temps en temps, et je ne sais pas pourquoi, à chaque fois ça m'exaspère. Mais pour qui te prends-tu ?? et tu méprises tellement de gens et tellement de chose que cela doit être épuisant mentalement pour toi... et pour les gens qui t'entourent. Chaque personne a une expérience de vie différente, une culture différente et justement de partager d'échanger,d'essayer de comprendre les êtres, d'être ouvert aux autres c'est tellement enrichissant, et ce, plutôt que de mépriser tout ce qui n'est pas "à ta hauteur".Tu es vraiment mais vraiment insupportable. ( ne perd pas ton temps à corriger l'orthographe, de toute manière je sens bien que tu vas user de mes erreurs pour t'élever au dessus de moi... )

Pleiada a dit…

Annie, c'est gentil de revenir malgré l'exaspération que je provoque en toi. Je fais comme toi d'ailleurs: la majorité des blogues m'exaspèrent, et j'y retourne de temps à autre.

Je remarque que tu ne réagis qu'à un détail de mon message, le mot "ignare", qui est un peu fort, peut-être, mais pas tant que cela. Le véritable sujet, c'était la position très ambiguë de la chroniqueuse littéraire. Et si tu lisais plus attentivement, tu verrais que le jugement d'ignorance ne provient pas de moi, mais d'elle. Ceci dit, c'est honteux de faire une chronique littéraire et de ne pas connaître le mot pénultième. Passons.

Tu définis la culture comme étant "unique à chacun". Désolée, la culture c'est au contraire une dimension collective.

Je ne me sens pas si cultivée. Je cherche à connaître, oui, mais comme toute personne qui cherche à connaître, j'apprends d'abord la modestie. Plus j'apprends, plus je me rends compte de l'immensité de ce que je ne connais pas. Ce que je méprise, c'est qu'on ne cherche pas à apprendre quand on en a les moyens. Ce que je méprise par dessus-tout, c'est tout ce qui occulte la connaissance, et les premiers coupables sont les acteurs des systèmes médiatiques.

Je n'ai aucune vision ethnocentrique. J'ai appris des langues étrangères pour connaître des cultures étrangères. Je ne vois pas où dans mes écrits tu peux voir le moindre ethnocentrisme. Tu vois, une telle accusation est bien plus grave que mes humeurs. Elle n'est fondée sur rien d'autre que sur une opinion de moi que tu t'es faite trop rapidement.

D'ailleurs, je vis très bien, j'aime les gens, je suis sociable, aimée et appréciée. Ce blogue n'est qu'un fragment de ma personnalité. Tu extrapoles, c'est une erreur plus grande qu'une faute d'orthographe.

finger a dit…

Bonjour Pléiade.
Bien moi, je ne conaissais pas le mot en question (ou bien l'avais-je oublié ?), ce qui ne m'empêche pas de me taper du Deleuze (bon, surtout des vidéos, soit), et d'en comprendre, je crois, des parties très très intéressantes.
Mais peut-être suis-je un extraterrestre ?
Sérieusement, vous semblez trop intéressante pour vous limiter à des distinctions du genre ''il ne connait pas tel mot, il ne peut pas comprendre tel concept''.
Anyway merci pour pénultième.

Pleiada a dit…

En fait le problème pour moi n'était pas de comprendre ou pas tel mot, c'était le ton du message en question, point. Se vouloir à la fois intello et en avoir honte.

Damien Bagarry a dit…

J'étais loin de m'imaginer que le mot "pénultième" accéderait un jour au rôle éminent de marqueur socio-littéraire! Je lui préfère le mot "antépénultième" (j'appris ce mot-ci avant ce mot-là, vers 13-14 ans en cours d'accentuation de grec ancien: le marqueur est peut-être celui de l'âge, les cours de latin-grec tombant en désuétude depuis en France) qui évite les inélégants et imprécis "avant-avant". Combat de trisaïeule ou d'arrière-arrière-grand-mère?