vendredi 31 octobre 2008

courir nu

Je suis chez un ami de longue date, à l'étranger, dans une ville bizarre où, ce soir, à la nuit tombée, des conspirationnistes débonnaires se réunissent au centre ville avec de gros sacs en plastique, se mettent nu, enfilent la tête dans une citrouille et vont courir à poil par les rues. 

Donc, nous trimons sur notre conférence diurnement et nous courrerons nus nuitament. Enfin, ce dernier point n'est pas encore acquis. Nous (il) négocions.

Mardi je serai vers Washington pour les élections. J'écoute les media très conservateurs, ils ont le moral dans les chaussettes, ils sentent déjà la défaite.  Elle est inexorable, et ils sont chous. Allez, les néo-cons, venez courir nus avec nous, ça change les idées.

jeudi 23 octobre 2008

Montaigne

Montaigne est parfois considéré comme un ancêtre du blogue / des blogueurs. On y trouve en effet une pratique de l'écriture souple, dynamique, qui procède par ruptures, reprises, récritures. L'introspection, le scepticisme et l'inscription de la pensée dans le temps de son écriture, dans le vaste mouvement chaotique qui entraîne le monde et toute certitude, expliquent en partie cette assimilation. 

Il y a bien sûr des différences essentielles entre l'essai montaignien et le blogue, ne serait-ce que le fait que le texte blogual croît linéairement, et a tendance à rejeter son histoire dans les profondeurs de ses pages, qu'on ne relit plus, alors que l'essai montaignien croît par strates superposées, ce qui fait que l'essai contient en soi, en "profondeur", sa propre histoire. 

J'avais déjà lu plusieurs fois la mention de Montaigne, convoquée comme modèle pour la pratique du blogue. La dernière occurrence, je l'ai trouvée dans un blogue technologique que j'aime bien lire - j'en suis la première surprise. Je trouve que l'auteur a compris l'essence de l'exercice et le pratique avec intelligence, sobriété et élégance. Il y a tout: de l'information, de l'humain, du dialogue, de la pensée en phase d'élaboration. Et la technologie, sous sa plume, n'est pas sèche, elle est un moyen d'interroger notre rapport au monde. 

Pour revenir à Montaigne, si les blogueurs pouvaient en lire juste quelques lignes, une fois ... 

En ce moment, j'aimerais tellement être capable de faire comme lui: "Quand je dance, je dance; quand je dors, je dors" (III, 13). Mon esprit arrive rarement à faire corps avec mon action du moment. 


jeudi 16 octobre 2008

p. 400

environ. 

Assister à la naissance, ou plutôt à la reconnaissance, d'une force de la pensée. Ce qui est frappant, c'est que devant une pensée vraiment forte, subtile, qui ne simplifie rien, n'évite aucun écueil, mais tente de prendre en compte l'infinie complexité des choses pour leur donner un sens, peu de d'individus sont en mesure d'accepter la confrontation. Même au plus haut niveau, certains courbent l'échine, vaincus, avant même d'avoir essayé. 

Qu'est-ce qu'une contribution intellectuelle ? Il y a ceux qui font circuler les idées qui sont dans l'air, sans les digérer, les trier, sans en faire grand chose en définitive. Ce sont des esprits-passeurs, mais j'hésite encore sur la notion d'esprit dans leur cas. Il y a ceux qui tentent d'apporter quelque chose, de faire un pas de plus. Ceux-ci ne font pas passer les idées, ils les sélectionnent, élaguent beaucoup, les intègrent, les digèrent. En eux s'opèrent une longue maturation, fruit d'une exigence austère. Un jour, cette maturation produit une pensée nouvelle, autonome, libre. Leur nouveauté est le fruit de tout un pan de l'histoire de la pensée, rien n'émerge a nihilo, leur innovation est une greffe, mais une greffe féconde. 


mercredi 15 octobre 2008

p. 9

J'aime beaucoup l'idiotie, c'est une de mes perversions. Je la scrute, je la guette, je la piège. Mais c'est un plaisir facile, et coupable.
 
Devant l'intelligence, devant la beauté infinie d'une pensée complexe, j'ai un respect presque religieux, ce figé qui nous saisit devant une divinité terrible. 

Quand je suis confronté à une pensée qui me dépasse, mais dont je sens que je peux la comprendre, qui me pousse à m'élever, qui me grandit, je ressens une série de frissons qui monte le long de mes jambes. Je sens quelque chose travailler dans mes entrailles, c'est un bonheur étrange, mais un bonheur puissant, de ceux qui vont nous accompagner toujours. 

J'aime me sentir ainsi petite devant quelqu'un qui m'apprend quelque chose de nouveau. Je l'admire, je lui suis reconnaissante, et j'aurais envie de l'embrasser. 

Je n'en suis qu'à la page 9, mais je l'embrasse. 

p. 2

Je me rends compte avec effroi que j'ai laissé des taches de café sur la page 2. 

J'oubliais

Le pire dans l'administration, c'est sa bêtise. Elle tend à pétrifier la règle, oubliant qu'elle est là pour nous servir, non pour nous asservir. 

La règle ne devrait être manipulée que par les gens intelligents, qui savent la dépasser. 

Or, l'administration est un chaud repère pour cerveaux frileux. 

P. 8, toujours. Elle est corsée, celle-là. 

page 8

Je dois évaluer un dossier pour une nomination. A vue de nez, 800 pages, plusieurs kilos. Comme je suis consciencieuse, je vais tout lire. Mais ma décision, j'aurais pu la prendre en 10 minutes, le temps de lire 2 pages - oui, il faut bien 10 minutes pour en lire 2, c'est pas du blogue, comprenez-vous ?- ou 30 minutes, le temps d'écouter cette personne. C'est ça, l'administration: beaucoup d'inutile, une bouffissure effrayante, car l'administration, pour justifier son existence, doit grossir d'année en année. Et, surtout, une défiance fondamentale envers le jugement des gens. 

J'aurai probablement fini ce soir, je vous tiens au courant. J'en suis à la page 8.

lundi 13 octobre 2008

Plein de vide

Je viens d'entendre une grande patronne qui s'exprimait sur la crise:

"ce qui a manqué, c'est l'absence de règles du jeu". 

On se réjouit de voir les solutions arriver ...

Gros danger dans la maison

J'entends ou lis au moins trois fois par jour l'expression "il y a péril en la demeure". Utilisée, bien entendu, pour exprimer un danger imminent, parmi nous. 

Ce qui est totalement faux: le proverbe signifie qu'il y a un péril à ne rien faire (à "demeurer").

J'ai ressenti une urgence à le dire. 

mercredi 8 octobre 2008

Précis de mauvaise littérature

Vient de paraître, paraît-il, la réédition du Jourde et Naulleau, "Précis de littérature du XXIe siècle".

La démarche est simple: un manuel littéraire qui traite d'une littérature "sans estomac", gonflée par un système médiatique et ses petits soldats journaleux incultes.

Je ne l'ai pas lu, mais je trouve la démarche saine.

Il y deux types principaux de création: celle qui n'est pas orientée par le désir d'être consommée, et qui travaille l'art lui-même. C'est Beckett, c'est Giacometti, des créateurs discrets, en retrait, dont l'atelier est un monde et leur personne une victime sacrifiée sur l'autel de forces prométhéennes qui les annihilent.

Et il y a les chasseurs de couvertures, de devantures, de flashes et des droits d'auteurs, qui ne créent rien, mais resucent. Ils dépensent leur énergie à se fondre dans les attentes d'un système médiatique, qui n'aime que le facile et le pré-mâché, de tout façon.

mardi 7 octobre 2008

La censure est une faiblesse

J'écris peu, mais je constate que j'ai déjà été censurée quatre fois (au moins).

Pour paraphraser un écrivain assez médiocre (Voltaire), la censure accrédite ceux qu'elle muselle. 

J'imagine qu'on doit se sentir assez petit quand on agit ainsi. 


vendredi 3 octobre 2008

A-t-on le droit de ne pas regretter ?

Vous commettez un "crime", des "crimes".

Vous "payez votre dette" à "la société".

Vous sortez.

Mais on vous interdit de parler de votre "crime".

Vous faites penser que vous ne regrettez pas d'avoir commis vos "crimes".

Pour lesquels vous avez "payé".

Conclusion: nous n'avons pas le droit de ne pas regretter. Ou du moins de l'exprimer.

Est-ce juste ?