jeudi 16 octobre 2008

p. 400

environ. 

Assister à la naissance, ou plutôt à la reconnaissance, d'une force de la pensée. Ce qui est frappant, c'est que devant une pensée vraiment forte, subtile, qui ne simplifie rien, n'évite aucun écueil, mais tente de prendre en compte l'infinie complexité des choses pour leur donner un sens, peu de d'individus sont en mesure d'accepter la confrontation. Même au plus haut niveau, certains courbent l'échine, vaincus, avant même d'avoir essayé. 

Qu'est-ce qu'une contribution intellectuelle ? Il y a ceux qui font circuler les idées qui sont dans l'air, sans les digérer, les trier, sans en faire grand chose en définitive. Ce sont des esprits-passeurs, mais j'hésite encore sur la notion d'esprit dans leur cas. Il y a ceux qui tentent d'apporter quelque chose, de faire un pas de plus. Ceux-ci ne font pas passer les idées, ils les sélectionnent, élaguent beaucoup, les intègrent, les digèrent. En eux s'opèrent une longue maturation, fruit d'une exigence austère. Un jour, cette maturation produit une pensée nouvelle, autonome, libre. Leur nouveauté est le fruit de tout un pan de l'histoire de la pensée, rien n'émerge a nihilo, leur innovation est une greffe, mais une greffe féconde. 


Aucun commentaire: