mercredi 30 septembre 2009

L'oeil de la poule

Toujours Godard:

Le cinéma doit montrer des choses nouvelles, qu'on ne verrait pas autrement. Tenez, dans ce film tout à l'heure, une poule qui apparaît dans le cadre, avec son gros oeil...

La caméra c'est pas une certitude, c'est un doute ...

On trouve ces extraits ici.

L'audience nuit à l'art

Prenez Godard. Il a fait, et continue de faire, des choses très intéressantes, dont je ne soupçonnais même pas l'existence avant qu'il ne me les montre. Son dernier film, Notre musique, est une merveille d'inventivité, alors qu'il a plus de 70 ans.

Mais combien de gens apprécient cela ? Les spectateurs sont habitués à une grammaire, à un langage, et dès qu'on leur montre autre chose, ils refusent. C'est triste mais c'est ainsi.

(Entrevue de Steven Soderbergh, 30 sept, Rue89).

J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour la recherche chez Godard. Au risque de déplaire, d'ennuyer et d'irriter, son art est avant tout une recherche perpétuelle, qui, dans le même geste, repousse indéfiniment l'objet de la recherche et casse à chaque fois son outil.

Dans Prénom Carmen, il apparaît pour dire: "Quand le soleil a disparu, faut chercher, mon vieux, faut chercher". J'aime chez lui le conflit tragique entre un scepticisme essentiel et les vestiges d'une foi.

J'aime son arrogance et son air buté, qui met la pensée avant les sensibilités.

J'aime sa désillusion radicale: le cinéma on ne l'a jamais utilisé. On lui a plaqué un texte à dire et un langage pour le dire avant même de le faire parler .

On nous donne des moyens techniques, mais on nous a dépouillé de nos moyens intellectuels.