Montaigne est parfois considéré comme un ancêtre du blogue / des blogueurs. On y trouve en effet une pratique de l'écriture souple, dynamique, qui procède par ruptures, reprises, récritures. L'introspection, le scepticisme et l'inscription de la pensée dans le temps de son écriture, dans le vaste mouvement chaotique qui entraîne le monde et toute certitude, expliquent en partie cette assimilation.
Il y a bien sûr des différences essentielles entre l'essai montaignien et le blogue, ne serait-ce que le fait que le texte blogual croît linéairement, et a tendance à rejeter son histoire dans les profondeurs de ses pages, qu'on ne relit plus, alors que l'essai montaignien croît par strates superposées, ce qui fait que l'essai contient en soi, en "profondeur", sa propre histoire.
J'avais déjà lu plusieurs fois la mention de Montaigne, convoquée comme modèle pour la pratique du blogue. La dernière occurrence, je l'ai trouvée dans un blogue technologique que j'aime bien lire - j'en suis la première surprise. Je trouve que l'auteur a compris l'essence de l'exercice et le pratique avec intelligence, sobriété et élégance. Il y a tout: de l'information, de l'humain, du dialogue, de la pensée en phase d'élaboration. Et la technologie, sous sa plume, n'est pas sèche, elle est un moyen d'interroger notre rapport au monde.
Pour revenir à Montaigne, si les blogueurs pouvaient en lire juste quelques lignes, une fois ...
En ce moment, j'aimerais tellement être capable de faire comme lui: "Quand je dance, je dance; quand je dors, je dors" (III, 13). Mon esprit arrive rarement à faire corps avec mon action du moment.
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